lundi 25 mai 2020

25.05.2020

Des mois avaient passés depuis le 22 février, AGS était mort, Said Bouteflika et le général Toufik étaient en prison,  ainsi que Sellal et Ouyahia et un bon nombre d'anciens ministres et hauts fonctionnaires de l'état, dans un lâcher de lest médiatique devenu routinier; un dialogue nationale avait eu lieu, un nouveau président avait été élu Abdelmadjid Tebboune, après des élections passés comme un char d'assaut sur la population, et la répression avait repris de plus belle. Feu AGS avait réussi un coup de force en divisant la population, en stigmatisant les kabyles et les porteurs de drapeau amazigh et en faisant planer, comme souvent ce fut le cas dans ses prêches, le spectre du complot étranger. Les marcheurs du Hirak, et les activistes étais traqués de toutes parts. Un simple commentaire sur les réseaux sociaux pouvait entrainer des mois voir des années de prison. Le pouvoir militaro-mafieux avait de beaux jours devant lui. Craignant un scénario à la Tunisienne, et la prise d'el Mouradia par le peuple, une répression aveugle et sauvage s'abattait sur les activistes et les protestataires.
Le monde était à présent frappés par la pandémie du covid 19 des centaines de milliers de morts à travers le monde, 3 milliards de personnes étais confinés sur les cinq continents; la protestation qui ce démultipliait durant les semaines qui précédaient le confinement, s'estompait petit à petit, seuls les réseaux sociaux s'enflammaient de temps à autres, et quelques rassemblements de soutien aux détenus d'opinions avaient lieu; Deux camps s'opposaient à présent, les militaro-conservateurs qui avaient soutenu les élections imposés par les militaires et par corollaire la dictature militaire, et ceux qui prônaient un état civile et non militaire, une nouvelle république, et un système démocratique avec plus de justice sociale; la répression ne faiblissait pas, les auteurs de posts dérangeants étaient traqués jusqu'à leurs domiciles, et écopaient le plus souvent de lourdes peines de prison. La prison en Algérie détruit l'individu, un enfermement quasi permanant dans des salles qui dépassaient les 70 détenus, des conditions sanitaires déplorables, et la loi de la mafia avec la complaisance des autorités. Les défenseurs de libertés étaient donc confrontés au côté obscur de ce système, une criminalité organique assujettie à l'état, qui régnait dans un monde souterrain, l'autre face du pouvoir; la majorité des délits étaient absurdes cependant: somnifères, vols à l'étalage, possession de cannabis, mais s'accompagnaient paradoxalement de lourdes sentences; ceux qui n’étais pas faits pour servir le système, étais voués à une vie marginale, la prison devenait par conséquent une convalescence ou un mal nécessaire à une vie de rebel, un conditionnement et une destruction systématique de l'individu par l'usure et le repli sur soi; les détenus d'opinions étaient donc abasourdis par le chaos et l'arbitraire et étaient poussées vers la dépression, la résiliation, ou le suicide.
Dehors l'état policier reprenait comme au temps de la décennie rouge, les forces de l'ordre représentaient -comme jadis le PCO- le pouvoir absolue, fanfaronnant dans leurs gros véhicules, en racketant les commerçants formels et informels, en offrant leur protection aux femmes qui possédaient des commerces contre leurs faveurs, le cas échéant en lâchant leurs indics pour les intimider, ils faisaient la pluie et le beaux temps, blindés par la justice corrompue aux ordres, et l'administration déliquescente dont ils étais les serbers dévoués, le diable en uniforme. Non seulement ils avaient permis ou pouvoir militaro-mafieux de continuer à piller les ressources du pays, mais ils tuaient tout espoir de relève pour les générations à venir.
Le pays était donc paralysé par la pandémie, tous les commerces étais fermés, les transports étais coupés, et le couvre-feu était imposé, sans concertation d'aucune sorte, le président gouvernait par ordonnance, quiconque bravait ces interdiction était mis en garde à vue et devait s'acquitter d'une amande et/ou faire un séjour en prison. Les établissements de santé public étant dantesques, l'Algérie comme la plupart des pays du tiers monde n'était pas préparé à affronter la pandémie...L’économie mondiale était à l’arrêt, le baril de brent avait atteint un prix négatif, pour un pays dont l’économie dépend à plus de 92% des hydrocarbures le ciel nous tombait sur la tête, la richesse-malédiction de ce pays qui avait fait couler tant de sang ne valait plus rien, redynamiser l’économie était utopique… les âmes s'envolaient, les cerveaux et les riches fuyaient, les bras ramaient, et les parrains mortifères suçaient toute vie.

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